vendredi 24 mai 2013

Conquete du Kosovo par les serbes en 1217

D'ou sont arrivée les Serbes ?

Cette province faisait autrefois partie de l'Illyrie; Belgrade appartenait à la Pannonie inférieure. Des peuplades slavonnes, les Khorvates et les Serbes, envahirent ces contrées vers le milieu du VI-ème siècle. Les derniers(SerWet, à qui l'empereur lHéraclius avait permis de s'établir dans la Macédoine, vainquirent les Avares et s'emparèrent d'une partie de leur pays, qui pril d'eux le nom de Serbie ou Servie. L'histoire nous montre les Serbes presque constamment en guerre, soit avec les empereurs grecs, soit avec les Hongrois ou la république de Venise, et presque toujours vaincus, malgré leur bravoure. Après avoir été pendantde longues années gouvernés par leurs propres princes zupann, prononce zjoupans, dont l'un prit le titre d'archi- joupan, sans toutefois se soustraire encore à la suzeraineté des empereurs d'Orient.Tchoudomil, fils d'Ourosch le Blanc, fondateur de la dynastie de Neeman, essaya, en 1150, de se rendre indépendant en s'alliant, contre l'empereur Manuel Comnène, avec les Hongrois auxquels il parait avoir abandonné la Bosnie. Manuel marcha contre eux,les battit, et fit même prisonnier Tchoudomil dans une lutte corps a corps, que les poêles nationaux ont célébrée. L'archi-joupan des Serbes achela sa liberté par une soumission. Une nouvelle tentative de ce peuple, sous Etienne Neeman, pour secouer le joug, n'eut pas plus de succùs. Le général grec Isaac l'Ange, qui depuis fut empereur, les défit sur les bords de la Morava, en 1193. Cependant la paix s'étant rétablie bientôt, Etienne reçut de l'empereur le titre honorifique de despote. Son successeur du même nom fut chassé par les Hongrois. Son frère Volkan régna sur la Servie, à partir de 1208, mais sous la suzeraineté de la Hongrie.

La puissance des empereurs grecs s'affaiblissant de plus en plus, les Serbes avaient peu de chose à craindre de ce côté ; il n'en était pas de même de la part des Hongrois, qui avaient réduit sous leur domination la Bosnie et une autre partie de la Servie. Heureusement ceux-ci, occupés a d'autres guerres, ne purent achever la conquête du pays. Etienne remonta sur le trône, et en 1221 l'archevêque le couronna roi (kral), titre que le pape avait déjà offert à son frère pour le détacher de la communion avec l'Église orientale, à laquelle les princes comme le peuple restèrent fidèles. Un de ses fils, Etienne Ourosch s'intitula même véliki-kral, ou grand roi. Un autre de ses successeurs, le roi Etienne Doùshân, qui régna de 1336 à 1356, fit contre les empereurs grecs plusieurs campagnes heureuses, et s'empara de quelques provinces, alla jusqu'à prendre le titre d'empereur ou de czar de Servie, de l'Albanie, de la Boulgarie et de la Grèce. Mais en divisant le pays en plusieurs gouvernements, il prépara lui-même la ruine de sa patrie. Bientôt le titre de czar fut abandonné, et, après l'extinction de la branche légitime de la maison de Neeman, Lazare (1371-1389) fut obligé de se contenter de celui de tués en reconnaissant la suzeraineté de la Hongrie

Il compléta l'organisation des janissaires, dont le nombre s'accrut en rai- sou decelui des prisonniers, etdistribua cette milice en chambrées ou odas, qui obéissaient à des chefs particuliers sous le commandement supérieur d'un aga. Pour donner à cette constitution une sanction religieuse, il envoya les premiers soldats enrôlés dans le corps vers un derviche dont la sainteté était en grande vénération. Le solitaire imposa la manche de son caftan sur la tête d'un de ces hommes, et s'écria : » Que leur contenance soit flère, leurs mains toujours victorieuses, leurs épées toujours tranchantes, leurs lances toujours prêtes à frapper l'ennemi, et qu'ils doivent à leur courage une constante prospérité.« C'est depuis ce temps qu'ils ont pris le nom de janissaires, c'est-à-dire nouveaux soldats. Leur bonnet a conservé la forme de la manche du derviche, comme pour leur rappeler que la benediction du prophète les accompagne partout.

Ou a vu que les empereurs grecs, ayant la conscience de, leur faiblesse, s'efforçaient de détruire leurs ennemis les uns par lesautres,et se trouvaient forcément les alliés de ceux qu'ils craignaient le plus. C'est ce qui arriva à Jean Paleólo- gue. Ce prince était en guerre avec Sischman, roi des Bulgares, qui, aidé des Vainques, des Moldaves et des Tran

sylvains, avait remporté sur lui plus d'un avantage. L'empereur crut pouvoir conjurer ce danger en recourant à l'assistance des Turcs. Andronic et Contuz, le premier fils de Jean Paleo- logue, et le second fils du sultan Amurat, réunirent leurs forces et défirent l'ennemi à Sirmen. L'union des deux jeunes vainqueurs n'était qu'apparente ; Andronic flatta l'ambition de Contuz, l'excita à se révolter contre son père, et lui donna lui-même l'exemple de la rébellion. Amuratsoupçonnal'empereur d'être de connivence avec Andronic, et repassa promptementen Europe à la tête d'une armée formidable, après avoir déclaré à Jean que sa sévérité envers le coupable lui donnerait la mesure de sa bonne foi. L'armée des rebelles était campée à quelque distance de Constantinople; les représentations les promesses du sultan eurent bientôt fait rentrer les Turcs dansle devoir. Les deux jeunes princes se renfermèrent à Dcdémotique, où malgré une vivedéfense ils furent obligés de se rendre. Le sultan, après avoir fait crever les yeux de son fils, et or- donnéqu'on précipitât du haut des tours de la place la garnison vaincue, exigea de Jean Paléologue qu'il traitât de même Andronic. Le faible empereur n'osa résister, mais ce supplice n'eut qu'une partie de son effet. Manuel, associé à l'empire, tenta de reprendre sur les Turcs quelques places dont ces derniers s'étaient emparés, et se retira dans Thessalonique, en priant son père de luf envoyer du secours : Jean Paléologue n'osa s'y résoudre; la ville tomba au pouvoir de Karatin, général des Ottomans, etManuel dut se rendre à Andri- nople pour implorer la clémence d'Amurat. Tandis que le sultan passait des soins de la guerre à ceux de l'administration, qu'il créait un cadilesker ou juge suprême de tous les cadis, et qu'il fixait les fonctions du grand vizir, le tsar ou despote de Servie voyait avec inquiétude les rapides progrès desTurcs.Ildemanda des secours a la Bosnie, à la Hongrie à la Pologne, qui, occupées de leurs propres dissensions ne purent l'aider que faiblement. Il attendit l'ennemi sur la Morava, et obtint d'abord quelques succès; mais bientôt la fortune chan Rea, et Nissa, capitale du pays fut prise d'assaut.

C'est au milieu de ces désastres que le tzar de Bosnie, Twartko, vint lui proposer de céder à la fortune et de l'aider à conquérir la Hongrie. Plusieurs boyards appuyèrent cet avis, et, entre autres, son gendre Wuk Brankowitch. Lazare, se voyant si mal appuyé, se soumit au sultan, qui exigea de lui un tribut et mille soldats pour son armée. Cette humiliation pesait au prince de Servie; il voulut d'abord tourner ses armes contre les Hongrois ; bientôt, comprenant que les Turcs profiteraient seuls de toutes ces discordes, il essaya de se faire un allié de celui qu'il avait eu l'intention de combattre, mais ses instances demeurèrent sans résultat. Ses envoyés réussirent mieux auprès des Albanais,des Bulgares et des Thessaliens. Cette ligue aurait pu être redoutable aus Ottomans ; heureusement pour \ munit, la discorde paralysa les projets de Lazare. Il avait pour gendres deux hommes d'un caractère bien différent: l'un, Wuk Brankowitch, d'une naissance illustre et gouverneur de plusieurs provinces; l'autre Miloscb, qui ne devait sa faveur qu'à son courage et à sou mérite personnel. Un jour leurs femmes se prirent de querelle, chacune vantantson mari et l'élevant au-dessus de son beau-frère; Wukossawa, épouse de Wuk, s'emporta contre Mariejusqu'à lui donner un soufflet. Les deux chefs convinrent Je vider cette querelle en combat singulier. Mi- losch démonta Wuk, mais sans qu'il y eût de sang répandu. Depuis ce moment, le généreux Milosch fut en butte à la haine de l'ennemi qu'il avait épargné. Wuk l'accusa auprès du tsar d'entretenir de secrètes intelligences avec Л murât. Pendant que Wuk nouait ces intrigués, les Turcs, qui avaient hâté leur marche, rassemblaient leur armée dans la Servie méridionale. Les troupes de Lazare occupaient les plaines de Kossowo en allemand, Amselfeld, champ du merle. Le tsar, à la veille d'engager lecombat, donna unfestin aux chefs; alors, levant sa coupe et se tournant vers Milosch, il la lui présenta en disant : «Milosch Obilitch, je t'offre cette coupe pour que tu la vides à la réussite de tes projets, dusses-tu, demain, me livrer au sultan. » Milosch se leva, vida la coupe et. jura solennellement qu'il prouverait bientôt s'il était capable de trahir sa religion et son roi.

Le lendemain matin il avait dispara du camp avec deux jeunes guerriers, et déjà cette nouvelle avait répandu le trouble dans les rangs des Serviens, quand Lazare ranima le courage de ses soldats.
Milosch s'était rendu au camp des Turcs, annonçant qu'il voulait parler au sultan, et a peine se fut-il nommé qu'on s'empressa de le conduire à la tente d'Amurat. Là, s'agenouillant devant lui, selon l'usage, il s'inclina comme pour lui baiser la main, et le frappa de plusieurs coups de poignard, puis, s'élançant hors de la tente, il tomba sous les coups des gardes après en avoir immolé un grand nombre.

BATAILLE DE KOSSOWO 1389

Cependant le sort de la Servie se décidait à Kossowo (1389). 

Déjà les Turcs fuyaient en désordre devant le corps d'armée que commandait Lazare en personne, lorsque Wuk livra traîtreusement l'aile qui lui avait été confiée, de sorte que les Serviens, au moment où ils se croyaient sûrs de la victoire, se virent enveloppés de toutes les forces de Penuemi, rendu furieux par le meurtre du sultan. Tant que vécut Lazare, les Serviens tinrent ferme; mais son cheval s'abattit, et on le crut mort. Alors la déroute devint générale. Entraîné lui- même, le tsar tomba dans un fossé, où il fut égorgé ; selon d'autres, on le conduisit à la tente d'Amurat qui respirait encore, et là, Milosch, enchaîné, aurait eu le temps d'embrasser ses genoux et de justifier sa conduite.

La victoire avait coûté cher aux Turcs; ils n'osèrent poursuivre les fuyards; et, se contentant de ravager le pays, ils se retirèrent, après avoir élevé en l'honneur d'Amurat un énorme tu- mulus en pierre.

Les historiens qui ont suivi les annales turques racontent différemment la mort d'Amurat : suivant leur récit, la bataille de Kossowo fut faiblement disputée par les Serviens ; les spahis, portant des lances ornées de banderoles, firent un grand carnage de la cavalerie hongroise. Amurat, déjà vainqueur, était descendu de cheval, et s'adressant au grand vizir : n Ce succès, lui-dit-il, me cause d'autant plus de joie que cette nuit je rêvais que j'étais percé par une main ennemie. » Aussitôt un Triballien, attaché au service de Lazare et qui gisait parmi les morts, se leva et frappa le sultan d'un coup de poignard. On ajoute que la main droite du meurtrier fut placée dans le tombeau de sa victime.

BAJAZET.

Bajazet, qui occupa le trône après Ainurat, recula Jes limites de l'empire en s'emparant de la Caramanie. La conquête de Constantinople souriait à son ambition et, pour arriver sûrement à ce but, il voulait soumettre les provinces Danubiennes. Ce prince, surnommé l'Éclair a cause de la rapidité de ses conquêtes, avait commencé son règne par un fratricide. Il s'assura d'abord d'Etienne, fils de Lazare, en lui rendant une partie de la Servie. A cette époque, les Hongrois, et les Polonais au heu de s'unir aux Valaques, aux Ser- viens et aux Moldaves contre l'ennemi de la chrétienté, s'occupaient de prétentions étroites et s'efforçaient de s'enlever réciproquement leurs alliés. Mirce de Valachie.et Mussatin, prince de Moldavie, conclurent un traité défensif avec Jagellon. Cette précaution n'empêcha point Bajazet, déjà maître d'une partie de la Bulgarie, de prendre à Mirce Vidin et Sistow. En même temps Sigismond profitait des embarras de ces princes pour envahir leurs États et se venger aussi de leur alliance avec le roi de Pologne.Dans cette extrémité, Mirce se tourna du côté du plus fort et se soumit à Bajazet qui lui jaissa sa province, et se contenta de lui imposer un tribut de cinq cents piastres d'argent (1393). Ce tribut n'était pas onéreux, mais il représentait le suzerainetédessultans,qui plus tard l'augmentèrent selon leur convenance. L'expédition de Sigismond contre les Valaques, soutenus parles Turcs, n'eut point de résultat important. Au reste, ces derniers aimaient mieux voir les chrétiens s'affaiblir entre eux que de prendre unn part active dans des démêlés qui ne les regardaient qu'indirectement. Bientôt Bajazet s'empara de la ville de Silistrie qu'il avait laissée à Mirce...


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