mercredi 3 juillet 2013

Shqiptarët dhe Vëllahët


C'étoit une efpece d'hommes plutôt qu'un peuple particulier. Pour confirmer cette affertion , il ne faut que jetter les yeux fur la deûruction de l'empire Grec. Je commencerai par un paffage de Laonicus Chalcondyle , quoiqu'il me paroiffe rempli de fautes & encore plus obfcur.

Les Bulgares qui Myfiens habitoienr, dit-il, dans les environs du Danube y  & avoient Trinabe pour ville capitale. Ils étoient différens des Serviens, So»rabes ou Triballes, avec lef quels ne faut pas les confondre , puifqu'ils n'avoient pas la même origine.


 Les Triballes font la nation la plus» ancienne & la plus nombreufe de, nivers. Ils font venus dans le pays qu'ils habitent, après être fortis des  contrées qui font au-delà du Danube, & à l'extrémité de l'Europe , favoir » de la Croatie, du pays des Prufes qui » font fur l'Océan feptentrional, &c de  la Sarmatie, qu'on appelle aujour,, d'hui la Ruffie. Le froid exceffif qui regne dans ces climats les engagea , dit-on, à quitter leur patrie: ils pafy, ferent le Danube, acquirent par leurs » armes toute cette grande région qui. s'étend jufqu'au golfe Adriatique, vis à-vis des Vénitiens, & s'y établirent  Quoiqu'ils foient divifés en plufieurs  peuples, qui tous portent des noms n différens, leurs mœurs font les mêmes, & ils parlent encore aujour» d'hui la même langue: difperfés de  tous côtés, ils ont des établiffemens  dans toute l'Europe : quelques-uns » habitent la Laconie, dans le Péloponefe, près du Taygete ou Taenare; M un autre peuple occupe tout le pays qui s'étend depuis la Dace jufqu'au » Pinde , qui eft une montagne de la  Theffalie.On donne à l'un & à l'autre le nom de Blaques. Je n'ofe cepen» dant affurer qu'ils aient paffé dans M l'Epire ; mais je n'ignore pas que » les Triballes , les Myfiens , les IIw lyriens , les Polonois & les Sar, mates (ou Ruffes) parlent tous la  même langue, d'où je crois être en  droit de conclure qu'ils ont la même origine ; mais je ne trouve dans aucun  hiftorien comment ils ont adopté des » mœurs différentes, & fe font établis , dans les différens pays qu'ils occu» pent .
Il paroît y avoir de la contradiction dans ce paffage , puifque l'auteur dit plus haut, que tous les peuples qui ont la même origine que les Triballes, ont Çttffi les mêmes mœurs, & qu'ici il re connoît dans les mœurs une difference dont il ne fait pas la raifon; mais cette contradiction difparoît quand on fait attention que dans la derniere partie de ce paffage il parle des peuples qu'il appelle Blaques, & forme à leur fujet deux doutes ; le premier, fi des Blaques du Peloponefe, ou de ceux du continent, font defcendus les habitans de l'Epire ; l'autre, comment il fe fait que les Blaques n'aient pas les mêmes mœurs que les Triballes & les autres tribus de la même nation. A ces deux doutes il paroît en joindre un troifieme fur la maniere dont les Blaques fe font établis dans les différens pays qu'ils occupent. Il continue ainfi, & toujours fans répéter le nom des Blaques, comme dans les phrafes précédentes.
« Ils habitent en-deçà & au-delà du  Danube, & leur domination s'étend » dans une vafte région: il ne faut pas » confondre la haute & la baffe Myfie ,  comme fi elles étoient toutes deux en deça du Danube; il ell plus exact de » dire que la haute Myfie eft au - delà  de ce fleuve : la baffe Myfie eft celle » que l'on dit être habitée par les Bulgares.
Chalcondyle ne parle certainement ici de la haute Myfie qu'à l'occafion des Blaques, dont le pays a auffi été defigné fous ce nom par quelques Occidentaux , &c non fans quelque raifon, puifque les Blaques les plus voifins du Danube étoiept les anciens Myfiens, fuivant Nicetas. Reprenons maintenant toutes les Blachies que nous croyons avoir trouvées dans Chalcocondyle.Les La.nxi Blaques du Peloponnèfe doivent être le même peuple dont Phrantfa fait un portrait peu avantageux fous le nom d'Albanites, lorfqu'il parle des guerres du Peloponefe: ces perfides changeoient plusieurs fois de maîtres dans une feule emaine, & ftipuloient toujours qu'on leur laifferoit la garde de leurs bourgs & de leurs villes qu'ils appelloient caftras, dans leur langue mêlée de bai barie. Cette langue, comme l'on voit, devoit être à moitié latine.
Le même auteur, parlant d'une expédition de Mahomet II. dans l'Etolie, & aux environs de Neupacîe, qu'on appelloit alors Galata. Mahomet, dit-il,  réduifit en efclavage tous les habitans » de ce pays, non-feulement ceux qui étoient Vénitiens, mais auffi fes tri» butaires de la petite Valachie ». Nous voyons par-là à quoi peut fe rapporter le premier doute de Chalcocondyle. X'Epire, pays voifin, de l'Etolie, a voit des Blaques pour habitans, & cet auteûr ne savoit pas d'où ils y étoient venus.On le voit former fur les Albaniens des affer lions relatives aux doutes qu'ils avoient fur les Blaques. Il commence par aflrer qu'ils ne font pas Illyriens, c'eft-àdire qu'ils ne font pas d'origine Efclavonne; mais je fais, ajoute-t-ii, poup en avoir des preuves &e l'avoir entendu dire à des gens inftruits, que les Albaniens étant partis d'Epidamne, s'étendit rent dans les parties maritimes de l'Europe qui regardent l'orient, & qu'ayant fubjugué l'Etolie, l'Acarnanie , & une grande partie de la Macédoine, ils s'établirent dans ces contrées, & s'étendirent à-peu-près jufqu'au Pont-Euxin 8fi au Danube, & jufqu'à la Theffalie.
A travers les notions confufes de cet auteur peu inftruit, on voit que les Albaniens étoient les mêmes qu'on appelloit Blaques, entre la Dace & le Pinde; dans l'Etolie, ils n'étoient pas différens des petits Valaques; dans le Peloponefe, on les appelloit indifféramment Blaques ou Albanites: mais on peut nier que jamais un peuple parti de Dyrrachium ait fait toutes les conquêtes que lui attribue Chalcocondy le.Tout ce qu'il y a de vrai dans fon affertion, est que ce pays des Albanines proprement dits, étoit voifin de Dyrrachium.
Georges Acropolite, parlant des princes d'Epire contemporains de Théodore Lafcaris, dit qu'après la mort de Michel, Théodore fon frere gouverna l'Epire & étendit trop loin fa domination: car il ajouta, dit - il, à fes Etats  une grande étendue de pays qu'il en leva aux Italiens, et une beaucoup é plus grande encore qu'il conquit fur, les Bulgares. On comptoit entre fes, conquêtes la Theffalie, Achride, Prilape, Albanum, même Dyrrachium.Il s'empara de cette derniere ville, lofque Pierre (de Courtenai) vint re» clamer les droits de fa femme, laquelle étoit fœur des empereurs Baudoin Se.  Henri. Pierre fut battu près de Dirrachium , peu après fon débarquement,  paffa cette riviere, .&: alla s'engager  dans le territoire montueux & diffi cile d'Albanum, ou peu après il perp dit une bataille &c la vie .
"Dans tout ce paffage Albanum ne paroît être qu'une ville, qui doit plutôt avoir donné fon nom aux Albanites qu'aux Albanois, & dont on ne devroit pas foupçonner que les habitans se pusient tranfportés jufque dans le Peloponèfe; mais lorfque dans un autre endroit, Georges Acropolite parle d'un citoyen d'Albane, nommé Gulame, (Golemi) qui campoit dans le territoire de Caftorie, avec une armée qu'il avoit levée à Albane, on commence à croire que ce nom put devenir celui d'un grand et puisant peuple ; et on ne peut douter que cette Albaxie ne foit la même dont nous venons de parler, quand on confidere que la défection de Gulame, qui fe donna à l'empereur Jean, mit dans une état fâcheux les affaires de Michel, defpote de l'Epire & de la Theffalie ; et  lorfque peu après nous voyons ce même Michel céder à l'empereur le château de Prilape, Bolofe et Croas (Kruja) dans l'Albane, il ne doit plus nous refter aucun doute que ce nom n'ait été celui d'un pays affez conlidérable, & le même précifément qu'on a toujours appelle depuis Albanie, & dans lequel la fortereffe de Croie devint fi fameufe, pour avoir été le rempart des Chrétiens, lorfque Scanderberg la défendoit,& enfortoit comme un lion de fon antre, contre les armées formidables des Ottomans, fc. ce. Georges Acropolite parle encore d'Albane, pour dire que l'empereur Théodore Lafcaris en donna le commandement à Conftantin Chabaron, & que lui-même, ayant été Iajfl'é dans ces çontfees, alla de Theffalonique à Berroce, d'où il prit le chemin d'Albane , où il rriva par Caftorie & Achrida , en laiffant la Servie derriere lui.  Il partit d'Albane avec les habitans les plus diftingués de cette contrée qu'il mena à Dyrrafchium. Il s'étoit rendu de là à Prilape , lorfqu'il apprit que le commandant d'Albane avoit été trahi par fa bellefœur, & étoit prifonnier du defpote Michel. Auffi-tôt il prit la route d'Achrida, pour tâcher de remettre fur un meilleur pied les affaires des Albanites y & envoya au-devant un maître d'hôtel de l'empereur ;mais il fut enfuite trop heureux de fe retirer d'Albane: car , fijoute-t-il, la nation dus Albanites étoit entrée dans la conjuration de Michel, & s'étoit liguée avec ce perfide defpote. La paix fe fit fans que les Albanites rentraffent fous l'obéiffance de Théodore Lafcaris; ainfi il n'eft pas furpreuant qu'étant reftés unis avec le defpote, on leur ait attribué les conquêtes juefirent, en différens tems, les princes d'Epire, & qu'on les ait confondus evec les Blaques, dont ils ne différoient que par leurs noms.
Il n'eft pas douteux , ce me femble qu'Albane n'ait été le nom d'un pays peu éloigné de Dyrrachiujai. Je n'affurerois, pas de même qu'il y ait eu une ville Ai ce nom, puifque les paffages qui paroiffenile fuppofer, peuvent être expliqués par ceux qui en font le nom d'un pays.  II me femble pourtant que le nom d'Albanites que Ducas donne toujours aux Albanois, eft plutôt le dérivé d'un nom propre de ville que celui d'un nom de pays ; il acheve du moins de prouver que le nom des Albanois ne leur étoit point propre , & qu'ils le tiroient ou de leur ville principale ou de leur pays. Il y a toute apparence que la nature de ce pays qui étoit montagneux, donna lieu à la dénomination fous laquelle il  est connu , parce qu'on appella Albes ou Alpes les montagnes de ce canton , comme on apella Pyrénées des montagnes qui n'en étoient pas éloignées. Mais quelle qu'ait été l'étendue du territoire d'Albane, ou des montagnes qui donnerent leur nom aux Albanois , ne doutons point que ce nom ne foit devenu celui de tous les peuples qui leur reffembloient,  n'ait été le synonyme  ou à peu-près de celui des Blaques. Syrgianne, dit Cantacuzène, fe rendit par Locres & l'Acarnanie chez les Albanois qui habitent autour de la Theffalie ( & td. lit, flir l'Achelous).Ce font des bergers in idépendans avec lef quels Syrgianne  cétoit lié d'amitié, lorfqu'il commandoit en Occident. Ils lui donnerent des guides des qui le conduifirent chez le crales de Servie. Quelque tems après Andronic le jeune étant en Theffalie, les Albanois, qui sans avoir de rois menoient la vie pastorale fur les montagnes de cette province , & qu'on appelloit Malacafiens," Pocciens & Mafarites , du nom de leurs chefs, vinrent trouver cet empereur au nombre de douze mille, le faluerent & lui offrirent leurs fervices. Ce n'étoit pas qu'ils vouluffent fe foumeftre à lui; mais comme l'hiver approchoit, ils craignoient que les Romains n'en profîtafient pour les détruire: car outre qu'ils n'avoienr point de villes , le féjour des montagnes, où ils fe tenoient pendant ï'été, leur devcnoit infupportable par le froid qu'il y faifoit en hiver,  qui les obligeoit de defcendre dans la c plaine ; non que ces Albanois ne fuflent belliqueux; ils l'avoient prouvé plus d'une fois aux dépens des villes voilînes, & le prouverent encore peu après en renouvellant leurs brigandages ordinaires dans le territoire de plufîeurs villes fituées entre la Theffalie & Epidamne ; mais ils n'ofoient attendre dans la plaine la cavalerie Romaine qui étoit compofée alors de toutes les troupes na*; tionales de l'empire ,& ils n'en avoïeriî rien à craindre dans leurs montagnes. Andronic auroit même été hors d'état de les punir, s'il n'eût mené avec lui uni troupe de Turs qui étoient fantalfins. & très-bons archers. Ainfi la milice Romaine étoit devenue impuiffante contre. toutes ces efpeces de fauvages qui multiplioient le defpotime & les vexations du fouvefain & de fes efclaves privilégiés , & il fe formoit dans le cœur de l'empire des républiques indépendante qui abforboient toute fa fubftance. Telles étoient les communautés Albanoises, telles les seigneuries des Valaques. Mais je dois continuer la preuve que j'ai entreprife de la pluralité des Valachies.

Amurat, fils d'Orchan , dit encore George Phrantza, que j'ai déja cité fur les petits Valaques d'Etolie, Amurat n'ôta aux Bulgares qu'une petite partie de leur pays. Ce fut Bajazet, fuivant le même auteur, qui après avoir conquis une partie de l'Albanie, marcha contre Miltzas, prince de Blachie, & lui enleva une grande partie de fes états. Cependant il n'ofa combattre Milrzas dans les lieux difficiles où il s'étoit retiré , & lui accorda la paix, à condition qu'il feoit fofl trutare.
Bajazet conquit auffi une bonne partie de la Servie & de la Bulgarie ( mais on ne voit point qu'il ait jamais paffe le Danube , d'où je conclus que cette Valachie, fur laquelle régnoit Miltzas, étoit auffi voifine de la Servie que de la Bulgarie, & l'une de celles qui étoient au midi du Danube).
Mahomet, fils de Bazajet, continue  Phrantza , ne fe fut pas plûtôt rendu maître de tout l'empire qu'avoit poffedé fon pere, qu'il augmenta le tribut de la Mauro-Valachie & de la Bogdiane. La Mauro-Valachie étoit la Valachie noire , ou plutôt celle qu'arrofoit ce fleuveMaurus, près duquel Alexis Comnene avoir, battu les Patzinaces, après avoir été joint à Enos par les recrues que Meliffene avoit faites dans le pays voifin, & dont les Blaques faifoient une bonne partie: c'étoit auffi dans cette contrée, & par conféquent dans le voifinage de l'Hebre , qu'étoit le mont Maurus. La Mauro-Valachie étoit donc une partie de l'ancienne Thrace ou de la Macédoine.
Anmrat, fils de Mahomet, dit toujours  Phrantza, attaqua , mais inutilement , les Valaques & les Mauro-Valaques , & fe retira avec perte. Ayant enfuite entrepris une autçe expédition contre les feuls Valaques, & ceux-ci s'ëtafïï fait joindre par les Hongrois, les uns &e les autres furent battus , & perdirent environ 30 mille hommes. Voilà donc trois peuples de Valaques que connoiffoit George Phrantza, les petits Valaques dans l'Etolie, les Mauro-Valaques dans la Thrace , ou fur le Maurus, & les Valaques Amplement dits , que je crois être les Valaques du nord, qui con. fervent encore ce nom. Mais il y avoit encore une autre Valachie,dont Phrantza ne parle point, & que Chakocondyle nous a indiquée, quoique très-confufément. Je ne parle point de celle du Peloponefe , mais de la grande Valachie , dont le nom paroît avoir été fubftitué à celui de la Theffalie. Llb.i, c. Pachymère, parlant du grand projet  que le defpote Michel avoit formé d'enlever aux Latins la ville de Conftantinople 6c de s'y faire proclamer empereur, comme iffu de la famille des Anges, fait l'énumération des grandes alliances qui lui élevoient le courage, &e des autres moyens qu'il avoit d'exécu1 ter de grandes entreprifes. Son fils bâtard, nommé Jean, continue Pachymère, pouvoit le feconder avec de grandes forces que lui auroit fournies le peuple fur lequel il régnoit. Jean avoi cpoufé la fille de Taronas, & régnoit fur un peuple nombreux, qui le mettoit en état de foutenir lui feul de grandes guerres, & defaire des conquêtes fur les voifins ; car il avoit à fes ordres un armée compofée de cette nation, qui fut autrefois de race Grecque, qui en partagea le nom avec les autres Grecs, & que le fameux Achille mena au fiége de Troyes, mais qu'on appelle maintenant les Megaloblachites, Pachymère ne pouvoit défigner plus clairement la Theflalie, ou du-moins la partie maritime de cette contrée; mais, dit-il, on appelle aujourd'huiMegalo-Blachites ou grands Blachites, les habitans de cette contrée. Je crois que ces dernieres paroles ne fignifient pas moins clairement que les Theffaliens étoient alors connus fous le nom de grands Blaques,& leur pays fous celui de grande Blachie, ou de grande Valachie ; mais pour que la terminaifon que Pachimère donne au nom de ces Blaques, ne laiffe point de fcrupule fur l'explication que j'en donne, je citerai encore Georges Acropolyte,qui dît, qu'à la fuite d'une grande victoire, Afan, roi de Bulgarie, n'eut qu'à fe préfenter pour recevoir les foumiffions d'Andrinople , de Didymotreche, de tout le Bolere, de Serres , de la Pelagonie, de Prilape & des lieux voisins  qu'il parcourut aufli la grande Blachie , le rendit maître d'Elban, & fît piller un grand pays jufqu'à l'Illyrie. Voilà donc une grande Blachie, dont la pofition ne s'éloigne point de celle de la Theffalie ou du pays desMegalo:BIachites, ainfî que les appelle Pachymère ; mais ce favant auteur dit que les grands Valaquesavoient été Grecs, qu'ils en avoient porté le nom, & qu'Achille les avoit commandés. Ils delcendoient donc des. Theffaliens, ce n'étoient donc point des Jarbares; leur nom ne prouve donc point une origine Barbare, il ne prouve pas non plus le plus léger rapport avec celui de Flaccus, fondateur d'une colonie Romaine. Quelle colonie que celle qui auroit donné des habitans à la Myfie, à la Thrace, à l'Etolie & au Peloponefe, fans compter l'ancien pays. des Roxolans, ou la Valachie moderne! Mais dans le mont Haemus & au-delà, les Valaques font les anciens Myfiens; en Theffalie, ce font les anciens Theffaliens; en Macédoine & dans la Thrace ce font tous ceux qui s'adonnent à la vie paftorale, ou dont les troupeaux font la richeffe. Concluons de - là que par-tout les Valaques furent d'anciens îujeis de l'empire Romain, des Romains,
3es Grecs, des Illyriens, des Thraces , des Macédoniens , des Myfiens, qui devinrent Barbares en paflant fous le joug des Barbares, qui continuerent à l'être par leur mélange avec les Sclaves, & par leurs mœurs, &c à qui on donna un nom commun, ou parce que dans le fen qu'on lui prêtoit il leur convenoit à tous, ou parce que d'un peuple, à qui on l'avoit donné par quelque raifon particuliere, on le tranfporta à tous ceux dont la deftinée fut la même.
S'il refle encore quelque doute fut l'identité de la grande Blachie & de la Theffalie, un autre paflage de Georges Acropolite, que je dois citer ailleurs? le fera ceffer, ou plutôt il doit difparoître dès à préfent, devant un monument que nous a confervé Jean Cantacuzène; Lih.m; c'eft la Bulle d'or, par laquelle il con- c-n, fera à Jean l'Ange le gouvernement perpétuel & héréditaire de la Theffalie, à laquelle il ne donne pas d'autre nom dans fa narration; mais dans la Bulle même, la Theffalie n'eft pas nommée une feule fois: ce font les châteaux ou pays de Blachie dont Jean l'Ange eft créé chef & préfet, c'eft la préfeilure de Blachie qui lui eft conférée; c'eft: dans tout le pays de Blachie que Jean doit faire nommer les empereurs aux occafïohf accoutumées; ce font les confins de la Blachie qui doivent être maintenus fur l'ancien pied, & c'eft à la Blachie que Jean doit réunir les châteaux qu'il pourra recouvrer fur les frontieres. La Bulle ajoute que Jean l'Ange fera obligé de fervir l'empereur dans l'Occident avec tout le fojjat Romain & Albaniaqut, & au-delà de Chriftopolis, avec un auffi grand fojfat qu'il pourra. On appelloit ainfi le contingent provincial que devoit chaque gouverneur, peut-être du nom latin des foffés où retranchemens que les troupes provinciales avoient défendus dans leur infiitution. Les deux foffats que devoit la Theffalie font remarquables; le foffat Romain paroît être celui des Blaques. J'ai déjà propofé une conjecture fur l'étymologie de ce nom; en voici une autre qui n'eft pas fans vraifemblance.
Les Blaques, en général, étoient tous ceux qui nourriffoient des troupeaux. Telle dut être la reffource des malheureux habitans de l'empire qui, après avoir perdu leur patrie , envahie par les Barbares, fe réfugierent au loin dans d'autres provinces, ou qui, inquiétés fans ceffe dans la plaine où l'ennemi ïnoiffonnoit ce qu'ils a voient femé, fçj réfugierent dans les montagnes avec leurs troupeaux , & s'accoutumerent infenfiblement à ne compter que fur cette partie de leurs biens, & à préférer le féjour des montagnes à celui de la plaine. 
Si le mont Hœmus fut toujours appelle Balkan ou Balk dans la langue du pays, les Blaches ou Blaques furent d'abord leshabitans de cette montagne, & leur nom paffa à tous ceux qui leur reffembloient, finon on les appella ainfl dans le fens de metanaftes ou de peuples tranfplantés, comme un de nos annaliftes a dit, fous l'an 744 les Francs aile- Botefl rem en Baviere, lorfqu'arriva ce yvalus, le Romain jortit del'Allemagne. Walus' eft ici une émigration; ainfi les Romains fortis de la Sbuabe en 744, étoient des Walaqiies ou des émigrans, comme le furent la plupart des Valaques qui avoient fui devant les Barbares, ioit pour paffer d'une province à l'autre, ioit pour fe réfugier fur les montagnes. Si on me demande comment ce mot put être employé parles Grecs, je répondrai qu'ils en adopterent pluiieurs autres, que leur apprirent les Francs, les Germains & les Bretons, dont ils avoient toujours grand nombre dans leurs armées, & qui compofoient lagarde du palais; peut-être même les
habitans de ï'Haemus, dont uné granâV partie devoit defcendre des petits Goths , le donnerent-ils ce nom dans une langue qui ne leurétoit pas étrangere.
Il me reftcroit à dire comment les Blaques s'établirent au nord du Danube; mais fi je n'ai pas répondu à cette queftion par les obfervations que j'aï faites fur la conduite des Bulgares à l'égard de leurs prifonniers ; fi l'alliance perpétuelle de cette nation avec les Barbares qui furent les plus puiffans au nord du Danube, ne prouve pas la facilité avec laquelle ils purent faire & foutenir cet établiffement, je puis répondre qu'après tout ce que j'ai prouvé au fujet des Walaques, il y auroit de l'injuftice à alléguer contre moi une omiffion dont perfonne ne doit être furpris de la part des hiftoriens Grecs. J'ai pourtant encore une autre réponfe que me fournit l'hiftoire des Blaques & des Bulgares. Lorfqu'Alexis l'Ange remportait avec rapidité ces petits avantages par lefquels j'ai fini l'hiftoire des Blaques, fa perte étoit déjà réfolue & préparée; bien-tôt après, c'eft-à-dire en 1204 Conftantinople tomba au pouvoir des Latins, & cet évenement changea beaucoup la face des affaires relative^ ment aux Bulgares & aux Walaques.
Les Romains qui avoient fuivî l'emperereur détrôné, la plupart nobles,, prefque tous connus par de belles actions à la guerre, & nés dans les villes, de Thrace , où ils avoient leurs familles, offrirent leurs fervices au Marquis. de.Montferrat qui fubjuguoit la Grece. Il les refufa, en difant qu'il n'avoit pas befoin de foldats Romains. Ils s'adrefferent au nouvel empereur, & le fupplierent de les recevoir entre fes ferviteurs.. Baudoin les rejetta de même. Enfin ils eurent recours à Jean, frere d'Azan & de Pierre, qui né & élevé dans le mont Haemus, ravageoit depuis long-tems routes les provinces occidentales de l'empire, & déchaînoit contre elles les Seythes fes voifins. Jean avoit envoyé des ambaffadeurs aux Latins pour leur demander leur amitié, & en avoit reçu des lettres par lefquelles on ne l'invitoit pas comme un roi, mais on lui ordonnoit comme à un efclave de fe rendre à une conférence , dans laquelle il fembloit qu'on dût régler les conditionsde fa fervitude; les menaces étoient jointes au ton impérieux: s'il n'obéiffoit pas, la Myfie devoit bien-tôt devenir une conquête des Latins; & Jean 9. réduit à fa premiere condition , alloit être puni de fa révolte contre les Ro mains. Quoique ce prince redoutât ïèê terribles cimeterres des chevalirs Occidentaux, il n'ëtoit ni affez foible ni affez intimidé pour recevoir la loi lorfqu'on prétendoitla lui faire comme à un efclave; mais ce fut une raifon pour qu'il ne rejettât pas l'hommage des guerriers de Thrace. Il ne les retint pourtant pas auprès de lui ; il crut qu'ils lui feroicnt plus utiles dans leurs villes, où il les renvoya avec ordre de fe foulever contre les Latins, ou de s'y tenir prêts à l'y recevoir lorfqu'il fe préfenteroit à leurs portes avec une puiffante armée. Rarement le Ciel, qui donne le courage &c l'habileté aux conquérans, pour punir les peuples & les rois vicieux, leur donne la fageffe pour affermir leurs conquêtes & jouir de l'oppreffion de leurs femblables. En peu de tems la plus grande partie de la Thrace fut perdue pour les Latins. Les opérations de Jean, à la tête d'une armée nombreufe de Blaques &e de Scythes, celles de Baudoin Ôc fa défaite, font étrangeres au fujet que nous traitons. L'empereur fut conduit à Ternobe, on l'y chargea de fers, & Jean continua la guerre avec une armée compofée de Blaques , de Scythes & de Romains.
Cette union des Romains et des Blaïqes mérite peut-être plus notre attention que tous les évenemens de cette guerre, qui enfanglanta dans toutes fes parties la nouvelle conquête des Latins, & entraîna k ruine des villes les plus floriffantes de la Thrace: on y voyoit long-tems après, avec les relies de la magnificence & du luxe le plus recherché , l'horreur de la folitude & le fpectacle de la défolation. Tout ce que l'empire perdit alors ne fut pas fans doute un accroiffement aux forces & à la richeffe des Blaques& des Scythes; mais on peut affurer que les premiers fur-tout, outre les Romains qu'ils avoient d'abord accueillis , reçurent beaucoup d'autres fugitifs, & enleve- . rent aux Latins une grande partie da leurs nouveaux fujets; ce dut être la fuite des conquêtes faites & perdues fuccelîivement par les uns & par les autres; car les Blaques ne furent pas toujours heureux: mais ce que Nicetas , qui finit ici fon hiftoire, laiffe à nos conjecturesGeorges Acropolite nous l'apprend comme un fait certain. Cet hiftorien, ou ne s'accorde pas avec Nicetas fur d'autres points, ou nous cr* apprend plus que lui. Après avoir dit, par exemple, qu'Afan avoit deux fref es, Pierre & Jean, il ajoute qu'ilretinî ç ce dernier auprès de lui, & qu'il donna à Pierre, pour la gouverner en toute fouveraineté , une province, qu'on appella , par cette raifon, le pays Pierre, & dont les principales villes étoient la grande Parathlaba & Probate. Afan, dit-il, gouverna ce qui lui re£ toit d'une maniere vraiment royale , &e pendant neuf ans entiers. Au bout de ce tems il fut tué par Ibangus, qui étoit fon coufin.germain, l'un & l'autre étant fortis de deux freres. Jean, frere d'Afan, fut fon unique héritier, parce que les Bulgares ne voulurent point fe foumettre à Pierre , & que Jean, fils d'Afan y étoit encore mineur. C'étoit le frere d'Afan qui étoit empereur des Bulgares (les Grecs lui donnent le titre de BaJT' leus, comme à leur fouverain), lorfqu les Latins devinrent leurs voifins.
Georges Acropolite rapporte enfuit© la défaite de Baudoin par les Scythes , que Jean avoit envoyés au fecours d'Andrinople, après s'être emparé luimême de Philippopole. Les habitant d'Andrinople que Jean avoit préfervés du joug des Latins, refuferent de fubir le fien, & après avoir effayé vainement de le leur faire recevoir, indigné de leur mauvaifefoi, il courut toute la Macédoine , ravageant & dctruifant les villes, dont il emmenoit tous les habitans, afin que fi jamais l'empire Gree fe relevoit, on ne trouvât quedes défer» dans les endroits où il y avoit eu des hommes ôc des villes. Ainfi il détruifit de fond en comble Philippopole, grande & belle ville fituée fur l'Hébre, Héraclée, Panion, Raedefte, Chariupole Trajanople, Macrès, Claudiopole, Mofynople, Peritheorie, & un grand nombre d'autres, dont il feroit trop long de rapporter les noms. Tous les habitant qu'il en tira, tk qui faifoient un peuple immenfe , il les tranfporta fur le Danube, où il leur bâtit des villes, auxquels les il fît donner les mêmes noms qu'avoient eu celles qu'il venoit de détruire.. C'étoit, difoit-il, pouf reparer les pertes que les Bulgares avoient effuyées de la part de ce Bafile qu'on avoit appellé le Bulganortone, par où il faifoit entendre qu'il méritoit à auffi jufte titre le furnom de Romaeoctone. La haine desRomains lui donna celui de Scylojoanlies , ou de chien de Jean.
Jean mourut fous les murs de TheflVlonique, d'une pleuréfie, & fon fils Phorilas ou Borilas, s'empara du trône. Jean,, fils d'Afan, fe réfugia chez les Scythes ces Scythes étoient les Rofes, ainfi que. lçs appelle l'hiftorien que no-uis fuivons,, ou les Eufles, comme on les appelle aujourd'hui. Jean , fils d'Afan , pafla quelque tems chez eux, & s'y occupa à raffembler autant d'aventuriers qu'il en put mettre dans l'es intérêts. Lorfqu'il fe crut aflez fort, il réclama lHiéritage de fon pere, attaqua Borilas, le vainquit, & fe rendit maître d'un grand pays. Baïilas reftoit à Trinobe; il y foutint un fiége de fept ans, au bout defquels fes partifans fe rendirent au fils d'Afan , & lui laifierent la liberté de fuir; mais il fut pris,  Jean lui fit crever les yeux, après quoi il refta paifibje poffeffeur de la Bulgarie. Il eft remarquable que Georges Acropolite & Nicephore Gregoras ne donnent jamais d'autre nom au pays fur lequel régna la poftérité d'A fan. Le fecond ne nomme la Blachie qu'une fois,& pour la diitinguer évidemment de la Bulgarie; c'eft à l'endroit où parlant d'un Craie de Servie , qui fe rendit fameux au tems d'Andronique II. il fait l'énumération de fes mariages, telle que je la rapporterai dans la fuite.
Je crois avoir indiqué une époque à laquelle on peut rapporter avec toute forte de vraifemblance, l'établirîement des Blaques feptentrionaux dans le pays qu'ils occupent encore aujourd'hui c'eft-â-dire dans la Valachie & la Moîavie & dans une partie de la Hongrie. Jean premier fut le fondateur de ces colonies Romaines, fi elles n'étoient pas anciennes que lui ; il dépeupla la hrace & la Macédoine pour les former. Les Valaques, difent nos géogra- DoM phes modernes, habitent en Hongrie les Vàffet. collines ou les montagnes voifmes du f.7f3. Danube , & n'aiment pas à demeurer dans les plaines, excepté dans leurs *$7' provinces deValaquieck de Moldavie. Il paroît par leur idiome & leurs coutumes qu'ils ont une origine Romaine ou Italienne, & ils fe vantent en effet de tlefcendre des anciens Romains ou Italiens (prétention très-ancienne & bien fondée à plufieurs égards). Leur langue cft un Latin ou Italien corrompu; ils fe fervent néanmoins des caracteres Illyriens ou Efclavons. Ils font fins & rufés , & s'appliquent principalement *, à la nourriture des troupeaux ; ils font plus humains Ôr moins ruftiques que  les Hongrois &c les Roffiens; ils profeffent, comme ces derniers, la reli» gion Grecque .
Mais c'eft bien mal connoître I'hiftoire ancienne de l'Europe, que d'avan- *2i, cer, comme l'a fait uagéographç moderv, ne, que les Valaques, ,autres peuples, Barbares , prjjrept la place des Gotb
d'Euphilas; au neuvieme &e dixîemé fiecles, & fe diviferent en Ugroblaques &en Moldaublaques; que ces peuple, fe convertirent à la foi dès le dixieme » liecle, mais qu'il n'y eut pas beaucoup » de religion (chez eux) jufqu'au trei» zieme fiecle, qu'ils fe foumirent au patriarche de Conftantinople, dont ils » prirent la créance & le fchifme». C'eft ainfi qu'on a défiguré l'hiftoire de l'Europe , pendant qu'on étudioit foigneufement celle de l'Afrique & de l'Afie, & les beaux fiecles de la Grece & de Rome , qui n'ont rien de commun avec l'état préfent d'aucun peuple de la terre; mais fuirons encore l'hiftoire du nouveau royaume de Bulgarie, jufqu'à ce qu'elle nous conduife à l'établiffement des Tartares dans le voifinage de cet empire.
Théodore Comnene, avant Téodore 'écrop. c. Lafcaris  avoit recherché l'alliance de Jean Afan, ou plutôt de Jean, fils d'Afan, & l'avoit cimentée par le mariage de fon frere Manuel avec une fille naturelle de Jean; mais au mépris de ce (. traité, il attaqua le roi de Bulgarie, parce qu'il crut le pouvoir faire avec avantage. Il fut défait & pris, après quoi le fils d'Afan fit toutes les conquêtes dont j'ai parlé plus haut. Cependant il fouffrit que Manuel, frere de Théodore , fe fît un état indépendant de lui & de l'empire, & l'en laiffa jouir pailiblement, tant que fubfifta le mariage de Manuel avec fa fille naturelle. Le fils e, d'Afan avoit pour" femme légitime Marie , qui étoit Hongroife, & qui l'avoit rendu pere d'une princeffe nommée Hé- c, JH lene, laquelle n'avoit que neuf ans lorf. que l'empereur Jean Ducas la fit demander à fon pere pour Théodore Lafcaris , fon fils, qui n'avoit qu'onze ans. Le mariage fut fait par le patriarche Grec de Conftantinople, & à cette occafion, comme auffi en confidération de Cette alliance , il fut ftatué par un décret impérial & fynodal, que l'évêque tle Trinobe, jufqu'aiors foumis au patriarche, en feroit déformais indépendant , &c prendroit lui-même le titre de patriarche: c'eft de ce tems & de cet a&e ique l'on doit dater l'indépendance de I eglife de Valachie, comme de celle de Eulgarie.
Cependant le fils d'Afan fe repentit c,, d'avoir trop bien fervi les Grecs, enleva fa propre filie avant que le mariage fût confommé, & peu après il fit alliance avec les Latins, dont il ne vouloit pas ïa ruine , & à qui il venoit d'arriver un çenfort. Vers ce tems, dit Georges Acro-polite,les refles des Scythes pafterent té Danube avec leurs femmes & lears enfans. Cette nation avoit été réduite à la dure néceffité d'abandonner fa patrie ravagée par les Tartares : ceux qui avoient échappé à l'épée de ces redoutables brigands, pafferent le Danube fur des outres, malgré la refiftance des Bulgares qui ne vouloient pas donner le paffage à une auffi grande multitude, & une partie alla s'emparer de phîfieurs cantons de la Macédoine ; d'autres chercherent leur fubfiftance dans les plaines de l'Hebre; d'autres dependirent plus .bas, & errerent fur le bas Hebre, dans la partie de fon cours où les peuples voifins lui donnoient dès-lors le nom de Maritze. Par-tout ils pillerent, ravagerent , & firent des prifonniers qu'ils vendirent aux habitans des grandes villes, dont ils n'avoient pu fe rendre maîtres , telles qu'Andrinople, Didymothaîque, & autres.
Les Latins déjà réconciliés avec Jean Afan, firent alliance avec ces Barbares vagabonds, qui les fervirent bien contre l'empereur Jean Ducas. Il paroît qu'ils étoient les mêmes qui avoient pris le malheureux Baudoin , & la maniere dojntils avoient parlé le Danube,indique tjir* c'étoient des Comans &c non des Ruffes,les mêmes dontNicetas Choniate fait ce portrait, qui ne peut convenir aux Ruffes: « lisent, dit - il, pour ar- Mam n mes un arc & un carquois qu'ils penfndent à leur épaule & qui eft rempli de u,  fleches ; quelques  uns d'entre eux lancent des javelots, ou s'en fervent » dans le combat au-lieu de piques. Le » même cheval porte fon maître dans lé » combat & le nourrit de fon fang j .fi c'eft une cavalle, un cuir rempli M de liège, & fi bien coufu qu'il n'y h entre pas une goutte d'eau, eft tout ce dont un Scythe a befoin pour » pafler les plus grands fleuves, il fe met deffus le cuir avec fa felle &c fes » armes, tient fon cheval par la queue » &c paffe le Danube, qui eft plutôt une .; » mer qu'un fleuve, fans autre bateau » que fon cuir, &c fans autre rameur que » fon cheval ». Ces mœurs n'étoient certainement pas celles des Rufles qui paffoient chez les Grecs pour'être trèschrétiens. On peut donc affurer que les Comans, jufqu'alors les fideles alliés des Blaques & des Bulgares, furent te peuple que les Tartares forcerent de le difperfer. On fut en Occident, & fur-tout dans la Hongrie, qu'ils n'aoient pas tous paffe le Danube pour Tome. XII,

Aucun commentaire: