Dans les mœurs une différence dont il ne fait pas la railon ; mais cette contradiftion difparoît quand on fait attention que dans la derniere partie de ce paftage il parle des peuples qu'il appelle Blaques, & forme à leur fujet deux doutes ; le premier, fi des Blaques du Peloponefe, ou de ceux du continent, font defcendus les habitans de l'Epire ; l'autre, comment il fe fait que Les Blaques n'aient pas les mêmes mœurs que les Tribalks les autres tribus de la même nation. A ces deux doutes il paroît en joindre un troifieme fur la maniere dont les Blaques fe font établis, dans les différens pays qu'ils occupent. Il continue ainfi, i toujours fans répéter le nom des Blaques, comme dans les phrafes précédentes.
« Ils habitent en-deçà au-delà du » Danube, & leur domination s'étend » dans une vafte région: il ne faut pli » confondre la haute la bafle Myfie , » comme fi elles étoient toutes deux en- deça du Danube ; il eft plus exaf t de » dire que la haute Myfie eft au - delà » de ce fleuve : la bafle Myfie eft celle » que l'on dit être habitée par les Bulgares ».
Chalcondyle ne parle certainement acide la haute Myfie qu'à l'occafion des îlaques, dont le pays a aufli été defigné fous ce nom par quelques Occidentaux, non fans quelque raifon, puif'que les Blaques les plus voifins du Danube étoient les anciens Myfiens, fuivant Nicetas.
Reprenons maintenant toutes les Blacqes que nous croyons avoir trouvées dans Chalcocondyle.Les Blaques du Peloponnèfe doivent être le même peuple dont Phrantfa fait un portrait peu avantageux tous le nom d'Albanites, lorfqu'il parle des guerres du Peloponefe : "ces perfides changeoient plufieurs fois de maîtres dans une feule femain ftipuloient toujours qu'on leur laifferoit la garde de leurs bourgs de leurs villes qu'ils appelloient caftras=kastr=, dans leur langue mêlée de barbarie.
Cette langue, comme l'on voit, devoit être à moitié latine.
Le môme auteur, parlant d'une expédition de Mahomet II. dans l'Etolie, & aux environs de Neupaâe, qu'on ap- pelloit alors Galata.«Mahomet, dit-il, » réduifit en efclavage tous les habitans »de ce pays, non-seulement ceux qui » étoient Vénitiens, mais auffi fes tri- » binaires de la petite Valachie ». Nous voyons par-là à quoi peut fe rapporter le premier doute de Chalcocondyle. L'Epire, pays voifm de l'Etolie, avoit les Blaques pour habhans de cet ne favoit pas d'où ils y étoient venus.
Oa le voit former fur les Albaniens des affertions relatives aux doutes qu'ils avoient iur les Blaques. Il commence par a/Tu- rer qu'ils ne font pas Illyriens, c'eft-à- dire qu'ils ne font pafcîl'origine Efclavonne; mais je fais, ajoute-t-il, pour en avoir des preuves 5c l'aroir entendu dire à des gens inftruits, que les Albaniens étant partis d'Epidamne, s'étendirent dans les parties maritimes de l'Europe qui regardent l'orient, & qu'ayant fubjugué l'Etolie, l'Acarnanie , & une grande partie de la Macédoine, ils s'établirent dans ces contrées, s'étendirent à-peu-près jufqu'au Pont-Euxin Se au Danube, & jufqu'à la Theflalie.
A travers les notions confufes de cet auteur peu inftruit, on voit que les Albaniens étoient les mêmes qu'on appelloit Blaques, entre la Dace & le Pinde; dans l'Etolie, ils n'étoient pas différens des petits Valaques; dans le Peloponefe, on les appelloit indifféramment Blaques ou Albanites : mais on peut nier que jamais un peuple parti de Dyrra- chium ait fait toutes les conquêtes que lui attribue Chalcocondy le.Tout ce qu'il y a de vrai dans fon aflertion, eft que desAlbanines proprement dits, étoit voifm de Dyrrachium.
Georges Acropolite, parlant des princ, d'Epire contemporains de Théodore Lafcaris, dit qu'après la mort de Michel, Théodore fon frere gouverna l'Epire étendit trop loin fa domination : « car il ajouta, dit - il, à fes Etats une grande étendue de pays qu'il enleva aux Italiens, une beaucoup plus grande encore qu'il conquit fur » les Bulgares. On comptoit entre fes » conquêtes la Theflalie, Achride, Prilape, Albanum, même Dyrrachium.II s'empara de cette derniere ville, » lofque Pierre de Courtenai vint reclamer les droits de fa femme, laquelle » étoit fœur des empereurs Baudoin & » Henri. Pierre fut battu près de Dirrachium , peu après fon débarquement,' » pafla cette riviere, & alla s'engager dans le territoire montueux difficile d'Albanum, ou peu après il perdit une bataille et la vie ».
Dans tout ce paflage Albanum ne patoit être qu'une ville, qui doit plutôt avoir donné fon nom aux Albanites qu'aux Aibanois, dont on ne devroit, pas foupçonner que les habitans fe fuf- îent tranfportés jufque dans le Peloponèfe; mais lorfque cians un autre endroit, Georges Acropolite parle d'un cytoyen d'Albane, nommé Gulame, qui campoit dans le territoire de Caftorie, avec une armée qu'il avoit levée à Albane, on commence à croire que ce nom put devenir celui d'un grand puiflant peuple on ne peut douter que cette Albanie ne foit la même dont nous venons de parler, quand on confi'dere que la défeftton de Gulame, = Golemi = qui is, donna à l'empereur Jean , mit dans im état fâcheux les affaires de Michel, defpote de l'Epire de la Theflalie ; & lorfque peu après nous voyons ce même Michel céder à l'empereur le château de Prilape, Bolofe Croas dans l'Albane, il ne doit plus nous refter aucun doute que ce nom n'ait été celui 'd'un pays aflez confidérable , le même précifé-, ment qu'on a toujours appellé depuis Albanie, &: dans lequel la forterefle de Croie devint fi fameufe, pour avoir été le rempart des Chrétiens , lorfque Scan- derberg la défendoit, enfortoit comme un lion de fon antre, contre le armées formidables des Ottomans.
ment à Conftantin Chabaron, & que lui-même, ayant été Uiffé dans ces eu ;ïrees, alla de Theffalonique à Berroce , d'où il prit le chemin d'Albane, où il erriva par Caftorie & Achrida , en laif- fant la Servie derrière lui. Il partit d'Albane avec les habitans les plus diftingués de cette contrée qu'il mena à Dyrrathium. Il s'étoit rendu dé-là à Prilape » lorfqu'il apprit que le "commandant d'Albane avoit été trahi par fa belle- seur, il étoit priibnnier du defpote Michel. Aufli-tôt il prit la route d'Achrida, pour tâcher de remettre fur un meilleur pied les affaires des Aibanltts , & envoya au-devant un maître d'hôtel de l'empereur ; mais il fut enfuite trop fceureux de fe retirer d'Albane : car , fijoute-t-il, la. nation des Albanites étoit entrée dans la conjuration de Michel , & s'étoit liguée avec ce perfide defpote, La paix fe fit fans que les Albanites rentraffent fous l'obéiflance de Théodore Lafcaris ; ainfi il n'eft pas furpre- »am qu'étant reftés unis avec le def- fote, on leur ait attribué les conquêtes que firent, en différens tems , les princes d'Epire, & qu'on les ait confondus ovec les Blaques , dont ils ne différoient gué par leurs noms.
Il n'eft pas douteux, ce me femble, 'Àlbane n'ait été le nom d'un pays peu e de Dyjraçhium, Je n'aflureroiç pas de même qu'il y ait eu une ville. II me femble pourtant que le nom d'Albanites que Ducas donne toujours aux Albanois, eft plutôt le dérivé d'un nom propre de ville que celui d'un nom de pays ; il acheve du moins de prouver que le nom des Albanois ne leur étoit point propre , qu'ils le tiroient ou de leur ville principale ou de leur pays. Il y a toute apparence que la'nature de ce pays qui étoit montagneux, donna lieu à la dénomination fous laquelle il fut connu, parce qu'on appella Albss ou Alpes les montagnes de ce canton , comme on apella Pyrénées des montagnes qui n'en étoient pas éloignées.
Aftnirat, fils de Mahomet, dit toujours c. ; » Phrantza, attaqua, mais inutilement 4 les Valaques & les Mauro-Valaques , & fe retira avec perte. Ayant enfuite entrepris une autr^e expédition contre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire